RIGHI (François). Petit jour.

Ivoy-le-Pré, s. n. [Righi], juin 2011. In-8 (28 x 22 cm) de 20 pp. (10 folios doubles dans lesquels sont insérées 10 serpentes noires), reliure à la chinoise, jaquette illustrée d’une gravure, emboîtage de vergé rose. 14 gravures en taille d’épargne, texte et images, dont 9 à planche perdue*, sur poly, cuivre et zinc, à l’eau-forte et au burin, tirées à pleine page en 3 couleurs (noir, rose et argent). 40 exemplaires sur Japon Kozo Uzukuchi 25 g, numérotés et signés, tous accompagnés d’une carte postale « contrôlée paonalogiquement », ainsi que d’une plaque gravée pour les 6 premiers (1 : BM Roanne, 2 : BM Strasbourg, 3 : BnF, Paris, 4 : BM Blois, 5 : BM Bourges, 6 : Forney, Paris).

*Avec ce procédé, une seule planche est utilisée, sur laquelle de nouvelles tailles ou morsures sont effectuées au fur et à mesure de l’impression.

Le texte, gravé en taille d’épargne et à pleine page, est mêlé dans tout le livre à l’image. Il est emprunté pour partie au diagramme “paonalogique” (cf. Summa Pavonica, catalogue du FRAC Limousin, 1992).

   

« Le portrait d’une jeune femme par Petrus Christus, au milieu du XVe siècle, est le point de départ du nouveau livre de François Righi, qui superpose et fait se croiser plusieurs trames de lecture.
Un détail de la coiffure l’a conduit à imaginer et à mettre en œuvre le processus de sa transformation au fil des pages. La métaphore principale est celle d’un voile descendant par degrés sur la forme du visage et les mots qui s’y inscrivent, ainsi que la lumière et l’ombre parcourent l’espace et engendrent le jour et la nuit.
Les termes inscrits sur ce visage, et ceux qui de page en page progressent en regard de cette image, sont issus de la collection de mots liée à la mythologie personnelle du paon, que François Righi explore inlassablement dans son travail, souvent en les disposant plastiquement en forme de diagrammes qui invitent à circuler dans leurs significations.
Ceux retenus ici, et dont l’image évoque un ciel étoilé, proviennent d’un secteur de ces termes concaténés en réseau où se trouve l’expression petit jour qui est aussi le titre du livre. Il se situe à proximité de ces quelques autres : beauté céleste, Vénus, décapitation.
Souvent, dans la mythologie, l’aurore prend la figure d’une radieuse jeune fille. Ici, seul son visage produit en portrait est retenu, et de ce fait, sa tête détachée du corps. Lunaire, solaire, stellaire, passant de l’ombre à la lumière, le livre s’appelle Petit jour. »

Marie-Jeanne Boistard

21 mars 2011
[…] Benvenuto Cellini, selon ce qu’il rapporte lui-même, massacra un beau matin, pour la survie de ses compagnons et pour la sienne, plusieurs paons d’une bande qui se trouvait dans le parc de l’un de ses commanditaires. C’est la simple raison pour laquelle son nom figure dans mon diagramme « paonalogique ». Comme il y voisine avec les mots petit jour, dans la chaîne d’analogies conduisant de la chasse obscure au phénix et donc aux cendres par la beauté céleste, j’associe volontiers son personnage à quelque lueur crépusculaire. Or, il m’apparaît qu’une lumière semblable éclaire le portrait d’une demoiselle, énigmatique, que Petrus Christus peignit au milieu du quinzième siècle. Il suffira donc de remplacer, dans le diagramme, le nom du maître florentin par celui du flamand, pour tenir l’une des prémisses du livre. F. R.