Promenade dans un enclos
Un enclos qui serait tous les mondes possibles ? C’est ce que suggère François Righi. Nous serions ainsi aux mondes, ces mondes si présents, si humains, qui ne sont pas là, pas de ce monde. Le virtuel n’est pas né d’aujourd’hui. Il a partie liée avec notre manière d’habiter le temps à l’intérieur des lieux. Il est vieux comme les mondes. Dans cette promenade Righi fait ce qu’il a toujours fait, il cherche ses autres mondes dans quelques lieux de celui-ci. Il les appelle des paradis perdus. C’est pour cela qu’il les cherche, pour cela qu’aucun lieu ne les lui rendra jamais tout à fait. Pourtant sa quête n’est pas vaine. Dans l’entre-deux, l’entrebâillement, il fixe dans la matière les appels de ses ailleurs, des formes qui feront signe, à nous aussi.
Le pari de délocaliser des oeuvres d’abord conçues avec et dans des lieux singuliers les rassemble dans un non-lieu, un lieu sans incidence, et met à nu ce en quoi tout cela se noue : l’image à jamais insaisissable aperçue seulement dans ses avatars approximatifs. Des échos, des reflets, que ces images, pour y vivre : la roue du paon, la ronde des enfants, la roue Ferris de Cuernavaca et celle de Fortune… l’image détruite d’un jardin d’enfance et le mystère des figures d’un jardin d’emblèmes suspendu… l’irisation ocellée des yeux délogés du paon et celle formant la trace impossible des pas d’un nouveau-né, suivie à force de patience.
Promenez-vous, suivez la voix d’Echo car celle du guide n’existe pas. Chaque lieu du parcours appelle les autres qui sont autant de cailloux blancs semés sur tous nos chemins disparus et réinventés. Allez-y, il vous le dit : c’est un jeu d’enfant.
Marie-Jeanne Boistard